Éric
Fourmestraux
7 rue André Antoine
75018 Paris
France
- 0661629985
7 rue André Antoine
75018 Paris
France
Élevé en plein air et à l’ammoniaque, Éric Fourmestraux commence, dès son plus jeune âge, ses premiers tirages de plans au cabinet d’architecture paternel. Il découvre, à l’École des Arts Décoratifs de Paris, la gravure, initié par Jean Clerté, puis l’urinoir de Marcel Duchamp et réalise qu’il était tombé dedans étant enfant ! Mais il finit par être… architecte d’intérieur et designer mobilier.
C’est plus tard qu’il se réapproprie la technique grâce à Alain Cazalis. Ses gravures deviennent la prolongation naturelle et évidente de sa démarche sur l’empreinte commencée dans son travail de dessin. L’empreinte d’objets se fait ici dans la matière même ou dans sa représentation, jouant avec la nature de la plaque. L’acide devient le révélateur des choses ou des êtres qui s’y dessinent. L’encre se met parfois même en retrait pour n’être qu’embossage.
La trace, à dessein, est de l’ordre de la mémoire, à défaut de dessiner quelque chose “de mémoire”. Le temps y est marqué par la volonté de le savourer.
Depuis toujours, je garde tout, ou presque.
Je récupère, déterre, accumule, amoncelle toutes sortes d’objets qui font partie intégrante de ma vie. Trouvailles mises au rebut ou fragments de la nature, ils jalonnent mon histoire sans être classés ni répertoriés.
Ces « trésors », que je m’accapare avec amour, attendent parfois des années avant de resurgir de ma mémoire, pour devenir un jour source de création.
C’est parfois simplement un mot, une phrase, une expression… une découverte au détour d’un chemin, qui donne naissance aux prémices d’une œuvre.
Au-delà d’une locution dont je joue ou d’un objet que j’imprime, ce peut être aussi une personne ou son souvenir, la mémoire d’un artiste ou d’une de ses œuvres qui vient nourrir mon travail. Une tentative de rendre un hommage.
De l’ordre de l’intime ou de l’histoire collective, une âme commence à poindre. J’en déroule délicatement le fil avec une douce émotion – de peur de le briser – jusqu’à ce qu’il devienne le fil rouge de ma pensée.
Ce sont ces rencontres, fortuites ou dirigées, qui sont l’essence même de mon travail.
Il dessine, il eau-forte, il aquatinte ou il embosse ses états d’âme intérieurs. Parfois, en hommage ou en clin d’œil,
il « empreinte » à quelques grands noms de l’art contemporain. Ou quand une femme lui prête sa main, il l’imprime.
Il prend son pied, propre, parfois même figuré… Mais ne sait plus sur lequel danser ! Alors il imprime, il multiple pour partager ses idées, ici ou ailleurs, jusqu’à en être à ramasser à la petite cuillère !
Devant le travail artistique d’Éric Fourmestraux, le mot d’ordre semble être surtout : graver autrement !
En effet, même s’il ne se prive pas d’utiliser des techniques anciennes Éric Fourmestraux tente d’élargir le champ de la gravure pour le porter à ses frontières, voire en outre-passer les limites. Aussi, loin de se définir, comme pouvait le faire encore les artistes modernistes, graveur, peintre, sculpteur, dessinateur, Éric Fourmestraux est avant tout un artiste au sens générique du terme qui n’entend pas se limiter à un seul médium comme le démontre ses installations.
Rémy Argenson – revue bribes #03, septembre 2015
Éric Fourmestraux a trouvé avec le dessin et l’estampe ses moyens de prédilection. Et avec le papier son support. Son talent est manifeste : une justesse du trait et de ses pointillés qui montrent ce qu’on ne voit pas ou plus ; un équilibre de la composition ; une manière de faire « tourner les blancs », de sortir du cadre ; de « gloser » dans les marges, (mais où sont les gloses, où sont les marges ?) ; un jeu avec les lettres qu’il dessine comme on les imprimait autrefois ; un travail dans l’épaisseur du papier par empreinte ou embossage ; un estampillage récurrent par rond rouge ; une maîtrise rigoureuse dans les réalisations les plus complexes.
Des constructions raffinées tenues par des fils de bâti, que la justesse, la pertinence, l’efficacité rendent d’une solidité inébranlable. Une écriture élégante, reconnaissable et renouvelée. Un monde qui danse, qui joue, structuré par le temps, la lumière et le langage, animé par une force vitale et le charme de la dérision, dans lequel l’artiste nous entraîne pour notre plus grand ravissement. À savourer. Objectivement. Galerie Schumm-Braunstein , Paris – 2013