Les Désailés, portrait de famille | Violaine Fayolle

Elle présente l’univers des Désailés depuis sa création en 2014 jusqu’à aujourd’hui, en intégrant les différentes générations qui coexistent entre passé et présent : les grands Anciens, les Ancêtres, les Désailés, les Rejetons.

Assemblant des croquis naturalistes à partir de matériaux d’origine naturelle, ces œuvres imaginaires font partie d’un tout. Chaque pièce apporte sa pierre à l’édification de nouveaux récits, dans une esthétique figurative proposée au spectateur. Les Désailés sont des oiseaux humanoïdes dont les ailes ne leur permettent pas de voler. Ils sont présentés en compagnie de leurs Ancêtres et de leurs Rejetons. Jouant avec les codes de la figuration et de l’illusion, Violaine Fayolle donne vie à un univers décalé, aussi drôle et aux sens multiples. La question de la limite, à la lisière des tensions et des paradoxes, centrale dans ce qu’elle donne à voir, est également au cœur des techniques qu’elle s’approprie à la mesure des projets : gravure sur bois, céramique en porcelaine ou autres installations. Elle cherche toujours de nouveaux défis créatifs dans lesquels elle essaie de faire se ployer par son travail et sa volonté les difficultés matérielles et techniques posées par les lois physiques et la matière.

Pour l’Archipel, Violaine Fayolle a imaginé de nouvelles installations immersives, intégrant autant le visuel que le son. Le curieux atelier d’abord, scénographié à partir de dessins et de matrices en suspension dans les airs, projette le spectateur dans la genèse de sa création artistique. Les grands Anciens ensuite, pensée pour et avec le lieu, s’installe en musique dans une temporalité que le spectateur pourra vivre aussi puisqu’elle est évolutive. Chacun d’eux s’acheminera à son rythme, tout au long des trois mois de l’exposition, et le spectateur assistera à une procession de personnages apportant des clés de compréhension supplémentaires à l’ensemble de ces nouveaux récits.

Violaine Fayolle sème dans sa monstration autant d’indices et de traces à pister, entre répulsion et séduction, pour proposer une expérience à vivre dans laquelle le spectateur cherche, comprend et contribue à l’écriture de la narration. Dans ses mises en scène très orchestrées, chaque détail compte. Les œuvres de Violaine Fayolle sont autant d’expériences possibles tendues au spectateur pour se questionner sur les humains — ces animaux pas comme les autres —, sur le sens de leur vie, de leurs actions, entre petitesse et grandeur. Ses œuvres sont conçues pour enrichir le regard du spectateur sur le monde et se font « l’écho de questionnements à la fois intimes et universels » (Préface de Solenn Dupas aux Messagers, par Kornelius Corax, xylographies de Violaine Fayolle, Editions Kutkha, 2012).